La sncf va dépenser 5 millions € par an à mal sécuriser les deux quais de départ du Thalys. Une dépense politique inutile, imposée par Ségolène Royal et que personne, bien sûr, n’a le droit de contester. Et pourtant…
«C’est une usine à gaz », disent les personnels de la SNCF en charge du dossier, « le gouvernement ne s’est absolument pas rendu compte de ce qu’il nous demandait »
Parce que les quais du Thalys n’ont rien à voir avec ceux de l’Eurostar et que les sécuriser est effectivement une épreuve de force. 5 millions d’euros par an pour les deux quais de la gare du Nord, voilà le chiffre révélé hier par Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF.
Rentrons dans le détail. Ce n’est pas l’équipement lui-même qui coûte cher, à peine 200.000 euros par portique et par an (avec le portique, vous avez l’appareil rayon X), la SNCF a décidé dans un premier temps d’en louer 12, 8 sont déployés sur les quais (on s’est donné une marge en cas de panne).
Ce sont les agents indispensables à la réalisation des contrôles qui font exploser les coûts de l’opération. La SNCF doit en effet y employer 100 personnes, des agents spécialisés, salariés d’une société de sécurité qui s’occupe habituellement des aéroports.
Rentrons dans le décompte : 4 portiques par quai, cela fait 4 agents. A côté, les appareils rayons X, encore quatre agents. Derrière, 2 agents pour d’éventuelles palpations de sécurité, et devant, 2 agents pour gérer la file d’attente, demander à chacun de se préparer, faire gagner du temps à tout le monde.
Mais ce n’est pas tout : il a fallu fermer un certains nombres d’accès aux quais « mais on ne peut pas les fermer avec des barrières, ce sont des issues indispensables en cas d’évacuation d’urgence, donc il faut poster des agents de sécurité pour empêcher les gens de passer, pas d’autre solution ».
Ce dispositif en 2x8 heures, 7 jours sur 7 et vous mobilisez effectivement 100 personnes à temps plein, 25 d'entre eux sont du personnel d'encadrement. 2,5 millions d’euros par quai et par an, 5 millions d’euros au total.
Dépense indispensable pour la sécurité des voyageurs ? « Plutôt une dépense politique », nous dit un expert « parce que nos partenaires européens ne nous suivront pas et que cette sécurité reste illusoire ». On va le voir effectivement.
« Le problème » continuent ceux qui sont en charge de la mise en place et qui ne décolèrent pas devant les exigences de Ségolène Royal, « c’est que cette sécurité est imparfaite. D’abord, nos partenaires européens sur la ligne du Thalys n’ont pas exprimé d’empressement à nous suivre ». On peut même révéler que les allemands ont pris la décision de ne pas mettre en place un tel dispositif, « ils sont venus voir, ils ont compris, ils nous ont dits qu’ils ne le feraient pas »
Ensuite, la SNCF elle-même a déjà dû transiger à quelques reprises sur les quais de la gare du Nord : « à certaines heures en fin de journée, il est impossible de totalement vider le quai des gens qui descendent avant de laisser passer ceux qui vont partir. Il faudrait totalement revoir la grille horaire, et là encore, nous ne sommes pas les seuls décisionnaires, on a été obligé de laisser les flux se croiser ».
Ce qui marche pour l’Eurostar, conçu comme un passage de frontière, avec des passagers qui savent exactement à quelles formalités s’attendre, ne peut pas marcher pour le Thalys, un train conçu comme un symbole de la construction européenne, comme le symbole de l’espace Schengen, sans entrave, avec l’idée que l’on doit pouvoir aller à Dusseldorf aussi simplement que l’on va à Lyon
« Pour l’instant on fait ce qu’on nous demande » disent les responsables de la SNCF, « mais on n’imagine pas prolonger l’opération au-delà de la période d’état d’urgence, ou alors il faudra que le gouvernement nous explique comment faire »