La technique financière contre la démocratie

La question est la suivante: quel citoyen, quel parlementaire, quel journaliste (y compris ma pomme) à l'exception d'une dizaine (citoyens, parlementaires, journalistes), qui peut encore suivre le détail des plans et des négociations sur le Fond Européen de Stabilité Financière? 

Et dès lors, comment continuer à parler d'une démocratie européenne, quand la clé essentielle de sa survie nous échappe ? 

La conviction que l'on peut avoir c'est que ni Sarkozy, ni Merkel ne négocient en ce moment. Ce sont des techniciens sans doute ultra-compétents qui mettent au point les dernières pièces de l'échaffaudage. Mais avec quelle légitimité? 

On peut répondre que c'est tout le temps le cas, à chaque fois les cabinets techniques préparent les projets des ministres. Sauf qu'à la fin, les ministres sont en mesure d'arbitrer en toute connaissance de cause. On sait déjà que mercredi ce ne sera pas le cas. L'irruption d'un véhicule d'investissement garanti par un FESF dont il vient lui-même pallier les insuffisances, ce mécano technique et financier est, au sens propre, incompréhensible. 

L' Europe va donc devenir une de ces collectivités locales qui se sont fait piéger par Dexia. Pour assurer le court terme, nous acceptons de nous mettre en les mains de sauveurs dont nous ne comprenons pas la langue. Pas le choix sans doute. Mais il faut au moins que nous en ayons conscience