C'est une des clés du nouveau monde: reprendre le contrôle du prix! Et l'idée c'est que c'est enfin possible.
Allons-y grossièrement: la Chine est sans doute au bout de ses capacités à faire baisser les prix. Il y a 18 mois, les hommes qui se sont jetés du haut des toits de Foxconn (le plus gros sous-traitant au monde de l'industrie high-tech) ont sans doute davantage changé le monde que les terroristes du 11/09. Les hausses de salaire qui ont suivi sont difficiles à évaluer mais dépassent de loin les gains de productivité. L'autre mouvement de fond, le mouvement de délocalisation de l’industrie vers l’ouest de la Chine, est complexe à gérer, socialement et politiquement. On ajoute à cela la hausse des matières premières, et l'on comprend que les temps sont murs pour arrêter la destruction de valeur.
Les temps sont murs mais nous ne le sommes pas. Le culte politique du moment, c'est celui du pouvoir d'achat, et l'on applaudi donc à la naissance de ce cancer de la consommation que représente Groupon et ses amis. Cancer, oui : dérèglement d'un mécanisme vital.
Le principe est de s'appuyer sur les réseaux sociaux pour donner de la puissance aux offres promotionnelles. Dans les faits, cela amène le consommateur à ne plus vivre qu'au rythme de ces offres promotionnelles.
Car on les trouvera toujours, on trouvera toujours des commerçants et des industriels à l'agonie prêts à tout sacrifier pour arracher quelques semaines de trésorerie, on les trouve même davantage encore en temps de crise. Les autorités politiques elles-mêmes participent au mouvement, des opérations comme "les essentiels de la rentrée" obligent les distributeurs à de nouvelles pressions sur les marges industrielles. Personne n'explique que ces gains de pouvoir d'achat artificiels détruisent en fait les salaires. La proportion des salariés français payés au SMIC a quasiment doublé en 20 ans (en gros 8% dans les années 90, 15% aujourd'hui nous dit l'INSEE). Le poids des 35hs est évident, mais le lien avec la disparition de l'emploi industriel l'est tout autant (seuls les gains de productivité permettent d'augmenter sainement les salaires, ils sont compliqués à trouver quand on vend des glaces aux touristes ou que l'on fait les lits des chambres d'hôtels), emploi industriel justement victime de cette guerre des prix.
Un certain nombre d'entreprises trouvent la parade, l'exemple de la friteuse sans huile de SEB est sans doute le plus spectaculaire, permettant de multiplier par quatre les prix de vente, et d'en vendre à ce jour plus de 4 millions (parce que l'innovation est directement utile etc... mais ce n'est pas le propos de ce billet). La riposte est donc possible.
Nous consommerons moins?? Et alors, cette consommation est à l'égal des dettes que nous avons accumulées: la certitude de notre déclin futur. Houellebecq a même décrit parfaitement le sentiment de "déception" qui accompagne maintenant l'achat d'un produit manufacturé victime d'une politique de réduction de cout à chaque étape de sa fabrication.
Il ne tient qu’à nous de résister, l’ambiance du moment le permet. Retour au principe de réalité, politique de ré industrialisation, relocalisation décidée par de plus en plus d’industriels. A condition de détruire à coups de pelle ces excroissances effrayantes des réseaux sociaux
Ps : un lien précieux sur Foxconn :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Foxconn#Recensement_des_suicides_av.C3.A9r.C3.A9s_dans_les_usines_de_l.27entreprise.