petites réflexions sur la période de réserve
« à l’heure d’internet, cette période de réserve n’a plus aucun sens ». Moi aussi j’ai réagi comme ça samedi matin quand j’ai appris les consignes du CSA. Je vous avoue que j’étais sidéré. M’est venue une phrase : du jamais vu en temps de paix… « comment osent-ils, ils ne comprennent rien, ils laissent la voie libre aux sites complotistes… »
Mais qui y va ?
Sur ces sites complotistes, qui y va?
On dit « il laissent la voie libre aux sites complotistes », mais qui va les voir ces sites ?
Vous les connaissez, vous ? Sérieux ? Moi qui vous écrit, je n’en connais pas un. Enfin si, vaguement, jamais eu l’idée d’aller y faire un tour. Or si le CSA nous avait laissé en parler on aurait commencé à les connaitre, et dans les détails, un peu comme pour le compte au Bahamas (ou je ne sais plus où d’ailleurs… ). Sauf que pour le compte au Bahamas le candidat a eu le temps de répondre largement. Là c’était trop tard.
Donc vient tout de suite l’argument « moderne » : levons la période de réserve, laissons le candidat s’expliquer ! S’expliquer sur quoi ? Sur une masse de documents impossibles à trier en quelques jours ? Sur un soupçon qui tout à coup se répand ? On aurait dit quoi « une masse de documents considérables a été rendue publique, impossible de savoir si ce qu’ils contiennent est vrai ou faux » .. et tout suite la météo. Vous êtes sûr que c'était indispensable?
Et puis faut regarder les choses en face, on aurait dépecé la bête, disserté sur le vide, épluché les rares infos disponibles, parce que nous sommes comme ça; Evidemment.
Nos autorités administratives et républicaines ont choisi le silence
Et bien j’affirme qu’à l’heure d’internet, justement, elles ont eu raison.
Qu’à l’heure d’internet elles ont apporté une réponse déconcertante mais efficace à une manifeste tentative de déstabilisation du processus démocratique. Et que c’est bien dans ce qu’elle a de surannée que cette réponse est efficace : simple, universelle, le silence s’impose à tous, responsables et irresponsables. Quelques dizaines de milliers d’énervés vont tenter de répandre la rumeur, qu’importe, si elle ne sort pas, justement, de leur cercle étroit.
Oui, je le maintiens, étroit, au regard de notre population électorale.
Et tout à coup je me suis senti fier de cette république française qui ne se laisse pas balayer par une bande hackers. Parce que pas un d’entre nous ne s’est mis en face. Parce que tous nous avons respecté la consigne d’une autorité que beaucoup contestent pourtant. Oui, mais on a senti que l’enjeu était fondamental. Il l’est, quand je revois les chaines de télé US courant derrière le dernier complot, certains s’en abstenant mais reprochant aux autres de l’avoir fait, et par là en parlant quand même… SILENCE !
La république va voter, silence! à l'heure d'internet, du minitel, du téléphone, du télégraphe, de l'imprimerie, du marathon: silence!
Rapidement, regardez ce qui se passe dans le domaine de la pub. L’Oreal et Procter découvrent leurs produits en soutien de programmes indécents : « ah oui, mais à l’heure d’internet, on ne peut pas faire autrement ». Là encore la réponse est simple, efficace : on s’en va. Plus de 3 milliards de dollars de budgets retirés, série en cours. Facebook embauche 3.000 personnes pour tenter de trier le bon grain de l’ivraie, « à l’heure d’internet »
La bonne question maintenant c’est « où est la limite ? », là c’était simple et pas trop grave, mais si ça devait l’être plus ? Bonne question.
Le CSA avait-il envisagé cet épisode, ou a-t-il réagit dans l’urgence ? On le saura plus tard. Quoi qu’il en soit, il a rappelé qu’une technologie n’est pas une philosophie, encore moins une philosophie politique et qu’à l’heure d’internet vous n’êtes pas obligé de subir. Vous pouvez résister