… mais 1000 fois tort sur le terrain.
Vous lirez peut-être la dernière tribune de Cécile Duflot qui tente de défendre sa loi, mais les arguments sont connus, et tous parfaitement recevables. En fait Cécile Duflot a même raison sur toute la ligne : Manuel Valls vient d’appuyer sur les pires leviers que l’on puisse trouver pour relancer le secteur, la niche fiscale, la rente et l’héritage.
(update : c'est volontairement que je laisse de côté l'encadrement des loyers et la garantie universelle. Faut choisir. Sinon plus personne ne lit)
Elle a même raison quand elle dit que « La crise de la construction ne date pas du 26 mars, date de la promulgation de cette loi ». Non, la crise de la construction a des causes multiples évidemment liées à la conjoncture européenne (on la retrouve peu ou prou dans tous les pays d’Europe), mais elle s’est amplifiée en France quand François Fillon a commencé à débrancher les perfusions qui maintiennent en vie le secteur en France. Oui, François Fillon, oui la droite.
Un responsable politique qui n’aurait comme souci que le bien du pays l’aurait évidemment remarqué, une responsable politique qui veut appliquer sans faiblir ses promesses de campagne pour soigner les électeurs au détriment des citoyens a choisi de l’ignorer
Là où le discours de Cécile Duflot est irresponsable, c’est que je ne doute pas une seconde qu’elle connaisse parfaitement les tenants et les aboutissants du marché de l’immobilier français, et qu’elle soit pleinement consciente de ce que ce marché est drogué. Sévèrement drogué. Drogué à la dépense publique (45 milliards d’euros par an) à l’héritage et à la rente.
Si on prive brutalement un drogué de sa drogue, on le tue.
Désolé du parallèle, mais il est efficace : on ne peut pas militer pour la méthadone et les salles de shoot, et sevrer dans la violence le secteur de la construction (je vous la fait courte: drogué depuis plus de 30 ans à la défiscalisation, l'investisseur national se met automatiquement en position d'attente quand il se sent menacé, quand Cécile Duflot parle de la "date" de sa loi, elle fait mine d'ignorer qu'investir c'est d'abord anticiper)
Cela met les acteurs de bonne foi dans une position intenable. Evidemment que la rente tue la croissance, évidemment que l’héritage est une arme stérile, évidemment que l’ensemble des aides publiques viennent soutenir les prix, évidemment que les niches fiscales provoquent des dérèglements de marchés et des ZCA (zones de construction absurdes), mais la réalité c’est que vous n’avez pas d’autre solution pour maintenir le malade en vie
Où alors, on proclame l’état d’urgence. Permis de construire entre les mains des préfets, plan de construction obligatoire et l’on vide en 2 ans la colossale poche du livret A qui dort dans les coffre de la caisse des dépôts. Faut-il réaliser que ça prendrait des allures de coup d’état ? Les maires qui perdraient le droit de construire sont aussi les parlementaires qui devraient voter ces lois. Cécile Duflot n’avait pas les moyens d’aller jusque-là, et donnons-lui acte d’avoir poussé les nouveaux pouvoirs donnés aux intercommunalités. Le nerf de la guerre immobilière est entre les mains des maires de France, tant qu’on ne le leur enlève pas, on peut siffler dans un pipot
Notre crise immobilière est une affaire de génération. Les derniers mois nous ont démontré une fois encore que s’y attaquer à coups de slogans ne fait qu’aggraver le mal. Avoir raison sur le papier ne sert à rien, si l’on a tort sur les chantiers. Parce qu'alors tout s'arrête et l'on coûte effectivement 0,5 point de croissance à la France.