Insupportable. J’ai trouvé insupportable de devoir écouter au moins quatre hurluberlus. Et encore le terme est-il impropre. Car en qualifiant Marcel Barbu d’hurluberlu, le Général de Gaulle, dans le cadre de la campagne présidentielle 1965, lui accordait une relative bonhomie. François Asselineau, par exemple, est tout sauf bonhomme. Et pour s'informer de l'évolution de la campagne il a fallu supporter ces gens, leur égo, leurs balivernes, les voir commettre un véritable abus de droit médiatique. Et pourquoi ? Parce qu’ils ont recueillis 500 signatures d’élus tout aussi irresponsables qu’eux ? ça m’est insupportable
Plus grave, c’est une atteinte à la démocratie. Car cela a bel et bien interdit les débats. Contrairement à ce que je peux lire partout, je pense que cette campagne électorale nous a offert des débats importants. La taxation des robots est un débat important. La privatisation d’une partie de la santé est un débat important. L’assurance chômage est un débat important. Nous n’avons pas pu les mener. Parce qu’il aurait fallu trouver un débat comparable au cœur des programmes des hurluberlus et qu’il n’y en a pas. Parce que je refuse d’accorder le moindre crédit aux délires paranoïaques de tel ou tel, et parce qu’il est insultant de demander à qui que ce soit d’en débattre. Le seul débat tenable était celui de l’Euro. Il s’est avéré impossible, parce qu’il fallait faire avec ceux qui changeaient d’avis tous les quarts d’heure, et avec ceux qui n’en ont toujours pas compris les principes.
Furieusement libéral, je suis furieusement attaché au respect de la règle et à l’autorité indépendante qui en a la charge. En ce que nous occupons un espace public (les fréquences), une autorité administrative est tout à fait fondée à la fixer. Le CSA est contraint par la loi et tente de faire au mieux entre les exigences des uns et des autres. Mais les faits nous permettent de réaliser que cette règle d’égalité de temps d’antenne contredit le but qu’elle se fixe : faire vivre le débat démocratique. En fait elle le tue. Parce que les hurluberlus y sont omniprésents
Une solution commence à émerger parmi mes confrères et je les rejoins : nous imposer une sorte de temps minimum garanti. Nous serions contraints d’accorder la parole à tous, mettons sur 50% du temps consacré à la présidentielle, et le reste nous appartiendrait, et BFMbusiness, par exemple, pourrait faire vivre le débat économique.
C’est notre intérêt. Consacrer ces 50% de temps libéré des contraintes à de la propagande ultra-libérale (en ce qui nous concerne) serait profondément ennuyeux et serait largement sanctionné par nos auditeurs/téléspectateurs.
En revanche, poser les débats sans se faire polluer en permanence par ceux qui nous disent que la terre est plate permettrait de s’élever tous ensemble vers une démocratie apaisée