Courte séquence rappelée ce matin sur l’antenne de BFMbusiness, la courte séquence historique après laquelle le monde politique a démissionné face au chômage
14 juillet 93. Le président de la République François Mitterrand n’a plus de pouvoir. Libéré de la responsabilité d’avoir à agir il peut soudain dire la vérité : « contre le chômage on a tout essayé ». Il ira plus loin dans un entretien accordé à France 3 : « l’Etat n’est pas en mesure, en tant que tel (…) de résister » à l’ouragan du chômage
Il mettait au défi le nouveau pouvoir et le nouveau premier ministre Edouard Balladur. Et celui-là répondait en février 94 : « non, on n’a pas tout essayé ». Deux décrets lançaient alors le Contrat d’Insertion Professionnelle, le « smic-jeune » (rappel ici) . On s’appuyait sur les rapports écrits par dizaines qui dénonçaient le SMIC comme une barrière à l’emploi des travailleurs peu qualifiés et comme un facteur aggravant le chômage
Durant le mois de mars, des centaines de milliers de jeunes gens vont descendre dans la rue, dans un climat de manifestation particulièrement violent. Le 30 mars 1994, Edouard Balladur retirait le projet. On prête à Mitterrand ce mot : « c’est vrai, 500.000 jeunes dans la rue, ça, on n’avait pas encore essayé »
Dès lors le pouvoir politique n’y touchera qu’avec d’infinies précautions. Comme les hérissons font l’amour. On s’installe dans le traitement social du chômage.On profite du cycle quand il est porteur, on lance des imprécations désespérées quand il ne l'est pas. 20 ans après, selon l’économiste Stéphane Carcillo, ce sont 1 millions de jeunes « ni en emploi, ni en formation, ni en éducation, 500.000 de ces jeunes ne cherchent même plus un emploi ».
Oui, 93, année terrible